SKIP THE USE

Skip the Use illustration Régine Coudol-Fougerouse« La variété française je respecte, mais  ce n’est pas ce que j’aime dans la musique. Je suis content qu’on en soit sorti car elle avait tendance à prendre trop de place. C’est pourquoi on a bifurqué dès le départ. On a essayé en français, ça ne nous a pas plu. » Ces quelques mots du chanteur de Skip The Use Mat Bastard (il s’est foulé pour trouver ce nom .  .  .) traduisent à eux seuls la feuille de route du groupe lillois : faire bouger les lignes sociales et musicales pour « foutre un coup de pied dans la fourmilière ».

Vaste programme quand on connaît la frilosité  de la France où l’on se méfie souvent de ceux qui veulent  sortir du rang. Mais les petits gars de Skip The Use n’ont pas froid aux yeux, revendiquent leur choix et s’agacent même à la question récurrente des journalistes hexagonaux qui s’étonnent que Skip The Use ait choisi la langue de Shakespeare pour véhiculer leur message : « la vraie question, c’est pourquoi on ne devrait pas chanter en anglais. C’est super bizarre de penser que si on est français, on doit forcément chanter en français. La prochaine étape c’est : tu es noir, pourquoi tu ne fais pas de rap ? Nous on est français, on chante en anglais parce qu’on a envie de s’exporter » répond Mat Bastard à ceux qui veulent l’entendre.

Un parti pris qui semble porter ses fruits car depuis 2008, les cinq membres de Skip The Use, tous anciens membres du groupe de punk Carving n’ont cessé de déjouer les pronostics pour se hisser au rang de groupe le plus prometteur de la scène rock punk. Emmené par un Mat Bastard stratosphérique, Skip The Use se signale d’abord en 2009 lorsqu’il met sur le marché son album éponyme sur le label CALYSTA music /NPE qui s’occupera également de leur première tournée au cours de laquelle ils traverseront la France ainsi que plusieurs pays étrangers.

Ce premier opus qui contient  les désormais célèbres Bastard Song ou She Is My Lady fait de suite l’unanimité des critiques en même temps que l’unanimité du public au point où ils sont sélectionnés par l’Adami pour le projet Détours ce qui les propulse rapidement sur les gros festivals internationaux.

Après plusieurs premières parties de groupes prestigieux comme Trust, Rage Against The Machine, les Skip The Use entament leur vraie première tournée qui après la France, les mènera au Canada, en Belgique, en Allemagne, en Hongrie, faisant un détour fort remarqué au  Main Square Festival ou aux Solidays en 2010 et 2011.

Deux mois de repos plus tard, Skip The Use repart sur les routes et sort en septembre 2011 l’EP Sound From The Shadow qui contient cinq titres inédits dont une reprise de Song 2 du groupe Blur.

C’est à partir de ce moment que le grand public découvre véritablement Mat et ses acolytes grâce à une exposition médiatique plus grande et  l’utilisation régulière de Facebook qui leur assure l’émergence d’une fan base des plus dynamiques. C’est donc sans surprise que les Skip The Use sont nommés aux Victoires de musique, dans la catégorie « Groupe ou artiste révélation de l’année » et  reçoivent l’insigne honneur d’enregistrer leur nouveau single Ghost sur le plateau de Taratata. Très attendu, Can Be Late, le second album de Skip The Use sort en février 2012 et dépasse toutes les attentes avec des titres comme le détonnant Antislavery ou le magnifique Cup Of Tea entre autres perles de l’électro punk contemporain.

Si l’objectif de leur musique était de « partager les valeurs communes à tous les hommes », le pari semble gagné pour les lillois car Skip The Use a bel et bien renversé les us et coutumes de la chanson française pour transformer les scènes où ils se produisent en de gigantesques fêtes où la fraternité et l’amitié sont plus que des mots. Zack Badji

Illustration: aquarelle de Régine Coudol-Fougerouse

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