Sally Nyolo

IMG_5464 Sally Nyolo  .t Sally Nyolo  Bikutsi Queen

C’est peut-être parce qu’elle a été arrachée à sa terre natale à l’âge de treize ans que Sally Nyolo a transporté partout l’Afrique dans ses bagages, comme si garder un lien avec la forêt était une nécessité vitale. Et c’est par le chant qu’elle a décidé de maintenir ce lien ombilical. Le chant, comme une urgence, une nécessité, et ceux qui l’ont rencontrée vous diront qu’ils ont tous gardé de Sally Nyollo le même image:celle d’une personne qui vit en chantant. Donnez lui une bouteille et un bout de bois et elle vous transforme les trottoirs de Château Rouge en bal-poussière. Demandez lui de chanter au sortir du métro parisien, elle le fera en toute simplicité, comme un pied de nez à la tendance qui veut qu’on doive presque supplier un artiste et lui courir après pour obtenir un autographe.

L’histoire commence quand elle vient au monde en 1965 dans le village de Eyen-Meyong, dans le sud du Cameroun. Là, dans cette région que beaucoup considèrent comme le berceau de la musique camerounaise, elle s’initie très tôt au chant au contact de sa mère et de ses tantes. C’est sûrement de cette période que date l’amour de Sally pour le chant, car comme elle le dit elle-même, » là-bas, toutes les activités quotidiennes s’accompagnent de musique. On chante et on danse partout et pour tout ».

Puis, à l’âge de treize ans, c’est le grand saut. Sally quitte le Cameroun pour Paris et ne l’a plus quittée. Dans la ville –lumière, elle se frotte plus tard au landerneau musical qui soudain bruisse du nom de cette jeune africaine à la voix pure et à la présence scénique hors du commun.

En 1982, la France est sous le charme de la musique africaine si bien que Sally est très demandée.

Une cascade d’artistes dont Jacques Higelin, Sixun, Nicole Croisille, le groupe de jazz Sixun et bien d’autres sont séduits par son naturel et vont lui demander de faire les chœurs pour eux.

 

C’est en 1993 qu’intervient le premier break quand Sally est invitée à rejoindre le groupe vocal belge Zap Mama pour leur tournée mondiale. Avec Zap Mama, Sally va enregistrer un album studio et deux albums live enregistrés au Japon et à Montreux. Trois ans plus tard, Sally enregistre enfin son premier album solo intitulé « Tribe » sous le label Lusafrica. Entièrement chanté en Eton, la langue maternelle de Sally, cet opus enchante le public si bien qu’un juin 1997, Radio France décerne le Prix Découverte, faisant de Sally Nyolo l’un des talents les plus prometteurs de cette nouvelle génération de musiciens qui avait fini de convaincre le public européen de son talent.

Au printemps1998, Sally retourne en studio pour entamer l’enregistrement de son second album au nom évocateur de « Multiculti » puisque cet album en plus de consacrer le talent vocal de la jeune Sally, révèle aussi son amour du métissage culturel et de la fusion des genres. Les rythmes traditionnels africains y côtoient harmonieusement des styles modernes,réinventant de manière géniale son héritage culturel. Huit albums plus tard, dont le dernier « Tiger Run » paru en 2014, Sally Nyolo n’a jamais renoncé à ce parti pris, multipliant inlassablement les ponts culturels entre les continents, pour faire de sa musique un puissant vecteur de compréhension entre les peuples. Zack Badji

Illustration : Régine Coudol-Fougerouse

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