Naâman

Naâman- par Régine Coudol-Fougerouse

Graine de rasta

Imaginez que vous êtes en train de participer à un quizz musical et voici la première question :quel rapport peut-on trouver entre Dieppe en Normandie et les Îles Vierges américaines ? Vous ne voyez pas ? Pourtant il existe et s’appelle Naâman. Ce jeune Dieppois de 23 ans, encore inconnu il y a quelques mois, est en train de bousculer la scène reggae de l‘Hexagone avec sa musique à l’énergie positive sur fonds de messages conscients.

L’histoire d’amour entre Naâman et le reggae commence quand adolescent, il achète un 33-tours de Bob Marley. A partir de ce moment, « la question ne s’est plus posée » comme il le dit lui-même. Alors qu’il n’a que seize ans, Naâman décide de fonder un sound system avec six amis Dieppois afin d’éprouver sa voix sur des faces B de vinyles reggae. Dans un ranch prêté par le père d’un ami, le groupe parvient vite à regrouper chaque semaine une centaine de fans venus bouger au son du reggae de Naâman, un nom qu’il a emprunté  au guerrier biblique qui se baigne dans le Jourdan pour guérir de la lèpre. Autant dire que pour Naâman, la musique est plus que cela, car elle représente  « un exutoire  qui lui permet de tenir ».

Dans la ville de Caen où il étudie la communication et le graphisme, Naâman fait une rencontre décisive avec le collectif Rast’Art, qui séduit par son étonnant phrasé porté par une voix authentiquement  soul, va accompagner Naâman  à ses débuts et lui donner confiance en lui-même. Mais la décision de Naâman d’arrêter ses études pour devenir professionnel  inquiète ses parents, mais après une franche discussion, Naâman signe un pacte avec eux. « La seule chose qui me retenait c’était mes parents, plutôt méfiants » raconte-t-il. « Je leur ai demandé de me donner deux ans, et voilà, ça fait deux ans ».

En 2012, Naâman sort sa première mixtape , Deep Rockers avec son alter ego Fatbabs, un beatmaker rencontré à Rennes et qui va jouer un rôle déterminant dans les futures décisions de Naâman. Ce premier opus recueille un joli succès qui permet à Naâman d’enchaîner 70 concerts en France pour la seule année 2012. « Ensuite, j’avais besoin de faire un break. J’ai pris un billet seul pour les Iles Vierges. »

Nous voilà arrivés à l’épisode le plus incroyable de l’histoire du jeune Dieppois, car c’est cet archipel anglophone proche de Porto Rico que le label bordelais Soulbeats  vient le dénicher. Cette référence du reggae hexagonal ne lui propose pas moins que  de s’envoler pour la Jamaïque et d’entrer en studio avec le légendaire Stephen Stewart, producteur de Burning Spear ! Ce dernier rassemble une ribambelle de musiciens prestigieux dont Sam Clayton(Toots &The Maytals) pour donner à la musique de Naâman un goût de reggae des années 70-80. « Mais il a fallu qu’on revienne en France donner à l’album notre goût à nous, sa petite touche hip-hop », précise Naâman. Ce mix fort réussi donne à l’album Deep Rockers –Back a Yard un cachet aussi énergique que roots  qui risque de donner un été aux couleurs du  rasta de Dieppe. Zack Badji   

Illustrations : Régine Coudol-Fougerouse

 

 

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