MAGIC SYSTEM

En octobre 1994, huit lycéens d’Abidjan férus de musique fondent un groupe qu’ils baptisent Magic System. Nous sommes en pleine folie du zouglou, un son qui fait fureur dans les dancings de Cote-d’Ivoire et nos jeunes apprentis musiciens caressent déjà  le rêve d’être des stars. Mais quelques mois plus tard, ils doivent déchanter car les maisons de disques refusent de les signer, trouvant leur nombre au sein du groupe trop pléthorique. Après plusieurs tentatives avortées auprès des producteurs, le groupe adopte la méthode forte et se scinde en deux.

En 1997, quatre de ses membres deviennent les Marabouts, tandis qu’A’salfo, Manadja, Tino et Goudé conservent le nom d’origine. En cette même année, Magic System entre en studio et sort « Papitou », le premier album du groupe. L’accueil du public est plus que mitigé puisque la cassette se vend à 1000 exemplaires seulement, loin derrière les millions d’opus qu’écoulent des ténors comme Meiway, Alpha Blondy ou Aïcha Koné. Qu’à cela ne tienne, nos quatre mousquetaires ne se découragent pas et retournent en studio. Après un labeur intense sous-tendu par un esprit revanchard qui semble décupler leurs capacités, Magic System est de retour dans les bacs avec « Premier Gaou ».

Un soir de l’été 1999, les auditeurs de l’émission de RFI animée par le journaliste Claudy Siar découvrent avec enchantement la nouvelle livraison de Magic System. La sauce prend tout de suite grâce à des arrangements d’une simplicité rare, une rythmique entraînante et la sublime voix d’A’salfo que soutiennent merveilleusement celles de Manadja, Tino et Goudé. D’Abidjan à Dakar, de Bamako à Yaoundé, « Premier Gaou » se répand comme une traînée de poudre et partout dans les chaumières, on succombe à la bonne humeur et à la gouaille de ces quatre bonhommes qui décrivent la galère des jeunes africains avec humour tout en transmettant un message d’espoir.

Le titre prend une nouvelle dimension quand le Dj français Bob Sinclar remixe « Premier Gaou » en 2001 et l’envoie dans la top list des discothèques de France et de Navarre. A partir de ce moment, Magic System est courtisé par tous les artistes et s’ensuit un nombre impressionnant de featurings pour tout autant de succès en France :avec Leslie en 2002 sur »On ne sait jamais », sur Rai N B Fever avec « Un Gaou à Paris » en 2004 . . .

Le groupe ne cessera plus de produire des tubes comme « Bouger, Bouger », l’album « Cessa Kié la Vérité » en 2007, Ki di Mié ou le hit « C cho, ça brûle » qui permettent à Magic System de parcourir le monde avec une moyenne de 80 dates par an. Plus de dix ans après le début de l’aventure Magic System, le bilan est plus que positif :13 disques d’or et deux disques de platine en France, sans parler des honneurs de la République qui a honoré le quator des titres les plus élevés en les faisant Chevaliers de L’Ordre du Mérite Ivorien et Officiers de l’Ordre du Mérite National. Les Magic System ont même profité de leur nouveau statut pour créer le FEMUA, le festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo qui réunit depuis 2006 pas moins de 60 artistes par an et un public de 150000 spectateurs durant le week-end Pascal dans le village d’origine du groupe. Un festival caritatif qui a permis de rénover des hôpitaux, ou de construire des écoles : une très belle leçon de générosité de la part de jeunes hommes qui, s’ils ont conquis le monde, n’ont jamais oublié d’où ils viennent.

Trois ans se sont donc écoulés depuis Zouglou Dance le dernier album de  Magic System, désormais groupe le plus reconnu de l’espace francophone, période pendant laquelle le groupe s’est bonifié au contact d’artistes de tous horizons. La qualité qui caractérise leur dernier album paru en 2011 est une preuve formelle que la musique de la bande à A’salfo est désormais à inscrire au patrimoine mondial. En effet, « Touté Kalé » reflète l’universalité des Magic System qui ont su apposer une étiquette world et urbaine aussi bien par la musique que par les thèmes qui y sont abordés tout en restant fidèles à leur son d’origine, le zouglou. Cela donne un opus d’une richesse et d’une profondeur jusqu’alors inconnues chez les Magic System et l’on y sent la volonté de produire un album qui ne durera pas le temps d’une rose. « Touté Kalé est le disque qui permet à Magic System de s’exprimer pleinement et d’être le reflet d’une Afrique qui ne veut plus des guerres et de la corruption comme quotidien. Zack Badji  

Illustration: dessin aquarellé de Régine Coudol-Fougerouse    

 

 

 

 

 

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