KOHNDO

Si vous cherchez un rappeur français qui établit un pont entre toutes les musiques et qui vous soulage du rap produit en batterie, n’allez pas plus loin, Kohndo fera sûrement l’affaire.

« Enfant de France, enfant des States, enfant du Benin », ainsi se définit ce rappeur d’origine béninoise né en 1976 à Boulogne-Billancourt qui a grandi en écoutant aussi bien les orchestres locaux qui faisaient danser les mélomanes de son Cotonou que les géants de la soul comme James Brown ou Marvin Gaye, et bien sûr les rappeurs d’ici et d’ailleurs.

Kohndo commence à rapper vers 13 ans puis démarre sa carrière à 19 au sein du Coup D’etat Phonique avec Egosyst, Raphael et Lumumba. Mais c’est sa participation à La Cliqua aux côtés de Rocca qui va le faire connaître du grand public puisque leur album « Conçu pour durer » sorti en 1995 chez Arsenal Records fait un tabac à l’époque et beaucoup le considèrent encore comme un des classiques majeurs du hip-hop français. Sa collaboration avec La Cliqua s’achève en 1998 après le disque « Rocca Entre Deux Mondes » mais Kohndo reste actif et fait parler de lui par l’intermédiaire de nombreux projets/maxis et de prestations scèniques notamment sur la Fin du Monde avec N.A.P, sur « le Réveil » avec Koma.

Il apporte également sa touche sur la bande originale du film Zonzon, Paris, New-York, Marseille avec Jay-Z et IAM. Mais le garçon trépigne car il aspire à jeter les oiellières pour brasser plus large et débrider la mémoire des milliers de vinyles dans ce qui ressemble à un tour du monde de la black music. « De toute façon, même si mes disques sont des ovnis dans le monde du rap, une bonne chanson reste une bonne chanson, qu’elle soit rap ou pas », se justifie Kohndo.

La tendance au melting-pot se dessine dès son premier album solo paru en 1999,  puisque« Prélude à l’Odysée » caresse le rêve ambitieux « d’offrir au public un hip-hop authentique, qui traite de sujets matures tout en conservant l’énergie de la rue ». Le gamin de Boulogne -Billancourt complète sa trilogie en sortant deux EP supplémentaires : « Jungle Boogie »(2000) et « J’entends les Sirènes »

Le résultat est plus qu’encourageant, mais semble avoir été noyé par la vague née du succès phénoménal que recueillent des groupes comme NTM ou IAM.

Au début de l’année 2003, Kohndo signe chez Ascetic Music et sort « Tout est écrit », son premier album sous licence chez Nocturne puis « Bindtest » en 2004 où il regroupe ses premiers maxis. Mais c’est l’album « Deux pieds sous Terre » qui marque la maturation de Kohndo avec des titres comme « Faiseur de pluie », « So Much Trouble » ou la profession de foi qu’est « Microphone sans Holster »dont se délectent encore les amateurs de bon hip-hop.

L’album « Deux Pieds sous Terre » qui voit la participation du rappeur de Boston Insight, Dwele(chanteur originaire de Detroit) et Slum Village. Cet opus réalisé en partie à Detroit fait la jonction entre l’univers  parisien de Kohndo et l’esprit new-yorkais d’un hip-hop que son auteur aime à qualifier de « roots ». « Tous les featurings de mes disques, ce sont des rencontres musicales qui m’ont permis d’élargir mon spectre sonore, mais aussi des gens qui sont devenus des amis », explique Kohndo, persuadé que « la musique  sera toujours un échange ».

Cette mosaïque d’influences se consolide un peu plus en 2011 quand Kohndo sort son dernier album »Soul Inside ». Entouré  des musiciens du Velvet Club et avec le seul Ekoué pour donner de la voix côté rap, Kohndo persiste et signe.  Il fait encore un clin d’œil appuyé au funk sur « Bordel », au rock (« Rock On ») ou à la neo-soul sur « « Mes Nuits ». Encore une fois Koh comme l’appellent ses amis, oscille entre les genres quitte à dérouter, mais se défend de vouloir devenir un chanteur français plutôt qu’un rappeur : « ça reste un album hip hop, mais je qualifie mon travail comme de l’urban soul, dans une ambiance à la Common, Selah Sue, Amy Winehouse, Gnarls Barkley. L’influence hip hop est là, mais ça dépasse le cadre du rap ».

En effet, si la soul est l’épine dorsale de « Soul Inside », Kohndo n’en  délaisse pas pour autant les basics du rap, notamment l’échantillonnage ou sample. « Il y a de l’intérêt à travailler le sample comme matière sonore et c’est un bon outil, dont je me suis servi sur le titre « Mon Ghetto » parce que ça collait bien au propos », précise Kohndo. Tel est Koh, déterminé à transcender les genres et à s’affranchir de toutes les chapelles et ce  à ses risques et périls. Car Koh aime la musique, toutes les musiques. Et rien que pour ça, il mérite notre respect. Big up, man ! Zack Badji

Illustration : dessin aquarellé de Régine Coudol-Fougerouse

 

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