Jac et le Takeïfa

Mah Koudia  bassiste

Mah Koudia
bassiste

On connaissait les Jackson Five, il faudra désormais compter avec Jac et le Takeïfa (Keïta Family en verlan). Même s’ils ne sont pas encore aussi connus que Michael Jackson et ses frères, les Takeïfa partagent avec eux la particularité d’être une fratrie de cinq musiciens. Emmené par le charismatique Jac, Takeïfa commence à faire son trou sur la scène avec une musique que l’on pourrait qualifier de « african  new groove », un mélange détonnant de hip-hop et de folklore sénégalais matiné d’une énergie pop- folk sur fond de textes engagés

Tout commence en 1992 à Kaolack, une ville située au centre du Sénégal. Un garçon d’à peine douze ans du nom de Jac, chanteur à ses heures perdues décide de laisser tomber le foot auquel il se destinait pour se consacrer entièrement à la musique. Après un moment de perplexité, la famille Keïta fait confiance à son rejeton et l’aide dans l’organisation de son travail.

 Mais il faut attendre 1999 pour voir Jac réaliser ses premières maquettes, qui si elles laissent entrevoir les possibilités vocales du garçon, ne permettent pas à Jac de trouver un producteur. Quelques malheureuses expériences avec d’autres musiciens plus tard, Jac se convainc alors que l’on n’était jamais mieux servi que soi-même et décide de faire appel à ses frères pour le seconder.

 C’est deux d’entre eux, Ibrahima, batteur et choriste, puis sa sœur, la bassiste Mah Koudia qui le rejoindront en 2002, suivis quelques mois plus tard de Cheikh Tidiane (par ailleurs artiste plasticien de renommée mondiale) à la guitare solo , Fallou au chant et enfin Macoumba N’diaye dit « Jo », un remarquable percussionniste qui rejoint le groupe en 2008.

Pour se faciliter la tâche, les Takeïfa quittent leur ville natale de Kaolack en octobre 2006 et s’établissent à Dakar  où, installés dans un petit appartement de la banlieue dakaroise, ils découvrent la dure réalité du show-biz sénégalais. Sous la férule dynamique de Abdourahmane, leur frère aîné  et manager, les Takeîfa restent debout et c’est la consécration quand ils sortent enfin leur premier album Diaspora  en 2008.

 La presse locale est dithyrambique à l’endroit des Takeïfa qui se retrouvent bientôt de toutes les fêtes prestigieuses du Dakar culturel qui leur déroule désormais le tapis rouge. C’est le carton plein pour Jac et ses frères qui vont parcourir le Sénégal et l’Europe de long en large avec pas moins d’une centaine de concerts où le Takeîfa s’affirme de plus plus en plus comme la locomotive d’une nouvelle jeunesse africaine consciente des nouveaux défis qui se posent au continent.

 Il faudra attendre avril  2012 pour voir Takeïfa revenir dans les bacs avec la sortie de leur second album baptisé  Get Free qui selon Jac, lead-vocal de Takeïfa  « est un appel un appel aux Africains à se mobiliser face aux défis de l’humanité, particulièrement la jeunesse dont la prise de conscience sur les priorités de l’heure est essentielle ». Enregistré entre la Gambie, la France et le Sénégal,  Get Free , à travers les douze titres qui le composent se veut l’album de la maturité et confirme le statut à part de Takeïfa dans le landerneau musical sénégalais, tant Jac et ses frères semblent vouloir s’éloigner du stéréotype dans lequel se confinent bon nombre de leurs homologues.

 C’est sans doute ce courageux parti-pris qui vont pousser les responsables du concours « Découvertes » de Rfi à choisir  Takeïfa pour participer à l’édition 2012 du célèbre concours pour jeunes talents. Même s’ils ne sont crédités que de la troisième place par le jury présidé par Angélique Kidjo, les Sénégalais venaient d’entrer de plain-pied dans la cour des grands. A charge pour eux de transformer l’essai. Zack Badji     

illustration: aquarelles de Régine Coudol-Fougerouse

https://youtu.be/5Cz1HLcF8Nw


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