Gregory Porter

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Gregory Porter

Gabriel Porter est ce qu’on pourrait appeler un « couteau suisse musical » tant il passe d’un style à l’autre avec une facilité qui frise l’insolence. Pourtant, sans la force de la destinée, nous aurions pu ne jamais nous délecter de la virtuosité du crooner californien. En effet, Porter ne se destinait pas du tout à la chanson, car depuis sa prime jeunesse, il se passionne pour le football américain. Après avoir fréquenté l’Université D’Etat de San Diego(Californie) grâce à une bourse universitaire sportive,le jeune Gregory se destine au football jusqu’à ce qu’une blessure à l’épaule ne sonne le glas de ses rêves.

Gregory rebondit très vite lorsqu’il décide de se produire dans des clubs de jazz car,au fond de lui,il a toujours été « davantage attiré par la musique ». C’est lors de ses pérégrinations que Gregory va rencontrer le saxophoniste, pianiste et compositeur Kammau Kenyatta qui va devenir son mentor. Emu par la grâce vocale de Gregory, Kenyatta va le présenter au flûtiste Hubert Laws  qui organise aussitôt une audition pendant laquelle Gregory interprète Smile, une chanson composée par Charlie Chaplin. Convaincu d’avoir déniché une perle, Laws décide d’inclure cette version dans un titre bonus de son album  hommage à Nat King Cole sorti en 1998. Lorsqu’un soir, elle est invitée au studio, Eloise Laws, elle aussi chanteuse et accessoirement sœur de Hubert, reconnaît tout de suite la personne idéale pour interpréter l’un des principaux rôles d’une nouvelle comédie musicale retraçant l’histoire du blues et intitulée It Ain’t Nothin’ but the Blues.

Le 9 janvier 2000, deux cent quatre –vingt quatre représentations avaient été jouées à travers l’Amérique et la pièce nommée pour quatre Tony Awards  dont celui de  la Meilleur comédie musicale. Par la suite, Gregory va étendre son expérience au théâtre puisqu’en 2004, il tient le rôle- titre  de la comédie musicale Nat King Cole and Me. Après ce triomphe, Gregory décide de retrouver ses racines,lui qui depuis sa naissance en 1971 à Los Angeles, avait baigné dans le gospel et le negro spirit, influencé par une mère pasteur dont l’ardeur au chant avait déjà fait naître un vocation  chez le jeune Porter. Désormais,Gregory entend imposer on propre style et décide d’enregistrer un disque.

En novembre 2010, Porter sort Water, son premier album. Produit par son fidèle conseiller et ami Kamau Kenyatta, cet opus entre de manière tonitruante dans l’histoire de la musique puisqu’un an après sa sortie, Water est nommé aux Grammy Awards dans la catégorie album de jazz vocal. Désormais sous les feux de la rampe, Gregory s’attire alors les faveurs des critiques qui voient en lui « la prochaine grande star masculine du jazz, à l’image de José James. » A partir de ce moment, Gregory va passer le plus clair de son temps sur la route, participant à des concerts prestigieux comme le North Sea Jazz Festival ou le National Black Arts Festival.

C’est en 2012 que Gregory revient dans les bacs avec Be Good son deuxième album. Il veut « retrouver l’authenticité qu’on ressent à l’écoute de Bill Withers, en somme renouer avec la soul, même si le jazz occupe une place importante dans l’album où on sent la présence de Nat King Cole, que Gregory considère comme un père idéal car ses textes sont pour lui « des recommandations que l’on peut suivre toute sa vie ». Après une tournée triomphale en Europe  afin de promouvoir Be Good, Porter retourne en studio courant 2013 pour enregistrer son troisième opus qui s’intitulera Liquid Spirit. Cet album constitue sans nul doute une rupture car pour la première fois, il n’est pas produit par son ami de toujours Kamau Kenyatta et ensuite parce ce qu’il se révèle plus autobiographique que les deux premiers.

Malgré ce tournant, les medias américains sont unanimes et considèrent qu’avec Liquid Spirit, « Porter livre sa plus belle brassée de compositions  depuis ses débuts, tandis que pour d’autres « l’album déclenche une furieuse envie de danser ». Pendant la 56ème cérémonie des Grammy Awards, Liquid Spirit remporte le titre de meilleur album de jazz vocal. Une reconnaissance largement méritée tant Porter est d’une désarmante sincérité, ses paroles parlant comme le font les rêves dans un langage fait d’images et d’émotion dont nous n’avons pas fini de nous délecter. Zack Badji.

Illustration: Régine Coudol-Fougerouse

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