ARCTIC MONKEYS

  

Alors que l’on désespérait presque du rock anglais qui n’avait pratiquement rien généré d’énorme depuis Oasis, les Artic Monkeys sont venus confirmer l’adage selon lequel le pays de Sa Majesté est un phoenix musical capable de produire de véritables joyaux. De Sheffield, ville minière du nord de l’Angleterre, on  ne connaissait pratiquement rien, sinon le footballeur Chris Waddle, ex -joueur de Marseille et funambule génial du ballon rond ou encore l’attachant Joe Cocker, légende vivante du rock depuis les grandes messes de Woodstock dans les années 60. Puis en 2006, quatre gamins, Alex Turner (chant et guitare),Jamie Cook(guitare), Andy Nicholson (jusqu’en 2006) puis Nick O’Maley(basse) et Matt Holders à la batterie débarquent sur la scène musicale et mettent le feu aux poudres. Bénéficiant de la magie d’Internet, notamment le site Myspace, ils réalisent un vrai coup d’éclat en écoulant leur premier opus à 364000 exemplaires la première semaine, dont 118000 le premier jour, balayant du coup le précédant record établi par Oasis avec « Defintely Maybe » pour entrer dans la légende avec le titre de l’album le plus rapidement vendu de l’histoire du disque. Les gars n’ont que dix-neuf ans quand ils deviennent de véritables dieux du rock indé, vénérés par une fan-base hyperactive qui est pour beaucoup dans leur succès, sans que cela ne leur donne la grosse tête.

Car les Artic Monkeys n’ont pas la prétention de changer le monde avec leur musique, mais veulent juste s’éclater en combinant un charme familier et cet esprit irrévérencieux qui ont engendré des fables adolescentes comme Still Take You Home ou Riot Van. A posteriori, certains pourraient dire que le buzz produit par le premier album « Whatever people I am, I am not » sorti chez Domino au même titre que les suivants est plus ou moins disproportionné au regard de la qualité musicale de cet opus, mais la fraîcheur et la gouaille qui s’en dégagent suffisent à expliquer son retentissant succès à un moment où la planète rock s’ennuyait prodigieusement des ritournelles modales de ses souverains autoproclamés et des approches marketing des maisons de disques qui faisaient que la musique se rapprochait dangereusement d’une simple étude de marché.  Suivez mon regard. . .

Le groupe n’en tombe pas pour autant dans l’autosatisfaction béate et sort un LP au titre provocateur de « Who the f. . . are the Artic Monkeys « , même si au passage Andy Nicholson, bassiste historique du groupe jette l’éponge, exténué par le rythme effréné qu’impose le nouveau statut du groupe. Comme à son habitude, le groupe surfe sur la vague et se rue en studio pour sortir « Favourite Worst Nightmare » qui comprend le tonitruant  « Brianstorm », commettant pour l’occasion un album plus que convaincant dont l’intensité le dispute à l’homogénéité.  En 2009, Josh Homme, porte-étendard de la vague stoner rejoint les Monkeys pour une première collaboration et le son s’en ressent. Plus épais et mélodieux, « Hamburg » marque un virage salvateur qui permet au groupe de s’attaquer avec succès au difficile marché américain sans pour autant renier les basics  qui avaient fait la gloire du premier  album à savoir franche rigolade et camaraderie à toute épreuve, donnant tort à ceux qui prédisaient que les boys de Sheffield allaient disparaître aussi vite qu’ils étaient venus.

Après avoir opté pour un style plutôt pop-dance -rock à leurs débuts, les Artic Monkeys ont prouvé qu’ils avaient du cran, tordant au passage le cou au vieil adage qui veut qu’on ne change pas une formule qui gagne. En effet, pour « Suck it and See  » leur dernier album sorti en 2011 et que les fans hexagonaux ont eu l’occasion se découvrir à l’occasion de la dernière édition du festival Rock en Seine, ils s’orientent vers un son plus épais et délaissent leur chant belliqueux  au profit d’un bouleversement total des règles établies. « A l’époque de nos débuts, la sono était pourrie, donc j’étais obligé de hurler pour me faire entendre. Maintenant  je peux vraiment chanter » confie Alex Turner.

Pari gagnant, puisque les dernières livraisons des gamins de Sheffield  sont d’authentiques coups d’éclat. Jamie Cook, le guitariste des Arctic Monkeys  confirme : « Depuis Hamburg, on est sorti de notre zone de confort habituel, en collaborant avec Josh Homme (Queen of the Stone Age) et je suis convaincu que la manière dont cela sonne aujourd’hui nous convient.  En plus la nouvelle approche du songwritter qu’Alex a initiée est préférable puisqu’elle permet d’aller plus vite pour enregistrer et en plus, il en résulte un son plus profond et chaleureux. »  Il est vrai que le mûrissement est évident et on est tout de suite sonné par un son de basse énorme, la batterie claque, le timbre de voix s’est littéralement métamorphosé, les guitares sont accrocheuses à souhait, bref, c’est renversant de fraîcheur et de spontanéité au point où les plus audacieux les comparent déjà aux Beatles. Auront-ils la même carrière? Wait and see. Zack Badji

Illustration: dessin de Régine Coudol-Fougerouse

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